Curcuma : l'épice miracle ?
Depuis quelques années, on entend beaucoup parler du curcuma. Autrefois appelée « safran des Indes », cet épice orange, obtenu à partir du rhizome de la plante Curcuma longa, est originaire du sud-est de l'Asie et constitue la base du curry indien.
Les bienfaits du curcuma
Depuis l'antiquité, la médecine traditionnelle indienne (ayurveda) a recours au curcuma pour ses effets antioxydants et anti-inflammatoires. La médecine chinoise traditionnelle emploie également le curcuma pour traiter différents maux.
Le curcuma contient des antioxydants extrêmement puissants, la curcumine et la turmérine, qui aident à lutter contre le stress oxydatif. Les propriétés anti-inflammatoires du curcuma, également très puissantes, sont utilisées pour traiter diverses inflammations comme par exemple les ulcères gastriques ou encore les inflammations articulaires telles que l'arthrite rhumatoïde. Le curcuma est aussi réputé pour renforcer le système immunitaire.
Depuis les années 80, le curcuma est étudié dans le cadre de la prévention du cancer. Les études réalisées sur les souris montrent un effet inhibiteur du développement des tumeurs cancéreuses en présence de curcumine.
Statistiquement, les pays où le curcuma est abondamment utilisé en cuisine présentent des taux de cancer significativement moins élevés qu'en occident. Bien sûr, les causes de cancer sont multiples et ces statistiques ne permettent pas d'établir une corellation stricte.
Par ailleurs, le curcuma fait l'objet d'études pour ses effets potentiellement protecteurs contre le diabète de type 2 et la maladie l'Alzheimer.
Une ombre au tableau
Le Journal Of Medicinal Chemistry a publié en 2017 une méta-analyse1 basée sur plus d'une centaine d'études concernant la curcumine. Cette méta-analyse incite à prendre les bienfaits de la curcumine avec des pincettes, notamment en raison de sa faible biodisponibilité lors d'une consommation par voie orale.
Il ne faut toutefois pas tomber dans le piège qui consisterait à considérer que l'étude de la curcumine apportera toutes les réponses concernant le curcuma. Comme l'a bien compris l'ayurveda, une plante ne se limite pas à une ou deux de ses molécules. Il s'agit d'une matrice complexe composée de très nombreux éléments indissociables. L'approche qui consiste à isoler une unique molécule supposée active est nécessaire sur le plan scientifique, mais elle n'en est pas moins réductrice et incomplète. A ce titre, elle ne remet pas nécessairement en question les connaissances et les usages issus des médecines ancestrales. Bien sûr, il n'est pas question ici de remettre en cause les résultats de la recherche, mais plutôt de s'assurer de ne pas les interpreter pour plus que ce qu'ils sont.
Comment consommer le curcuma
Le curcuma est très abordable et il se présente le plus souvent sous forme de poudre. Il s'utilise alors comme n'importe quel épice. Le rhizome peut aussi être consommé directement, cru.
Il est souvent recommandé d'associer le poivre noir au curcuma, pour en améliorer l'assimilation. Mais, si le poivre noir augmente l'absorption du curcuma, c'est pour de mauvaises raisons. En effet, le poivre noir est agressif pour le système digestif et il augmente la perméabilité intestinale.
Le curcuma est liposoluble, et il s'associe donc particulièrement bien avec les huiles et autres corps gras composant diverses sauces. On trouve dans l'ayurveda des préconisations d'association avec du cumin, du fenouil, de la coriandre. Le curcuma peut aussi être avantageusement associé à l'oignon, rouge de préférence pour son taux de quercétine particulièrement élevé.